J'ai connu Christelle à mon arrivée à Moncton pour mon Bachelor. Elle était une "grande soeur", discrète, gentille et prête à aider selon ses capacités. Je suis tellement heureuse de voir ce qu'elle accomplit depuis quelques années et je suis honorée de l'accueillir aujourd'hui sur Petite & Bold dans la série Femme Bold parce qu'elle en est définitivement une. Elle a lancé

Aschenti Cocoa

avec son mari Christian, leur fabrique de chocolat provenant de leur ferme au Cameroun. Je vous laisse donc lire les prochaines lignes sur cet incroyable duo qui fait sa part pour projeter un autre visage de l'Afrique.

Qui est Christelle ? Parle nous de toi!

Je suis originaire du Cameroun mais j’ai grandi au Canada où je réside depuis plus de vingt ans. J’ai toujours été engagée dans différentes causes qui permettent de voir l’Afrique en général sous un œil différent que celui qu’on offre dans les médias de masse. Je suis passionnée des voyages et j’adore la musique dans différents styles.

Depuis plus de cinq ans, je suis installée à Winnipeg avec mon mari et mes enfants. En 2016, nous avons lancé notre fabrique de chocolat. Nous avons choisi Aschenti comme nom en hommage au peuple Ashanti du Ghanaqui a été un des premiers à maitriser la culture du cacao en Afrique.

Quelles sont quelques raisons qui t’ont poussée à te lancer dans le monde de l’entrepreneuriat?

On a identifié un besoin qui n’existait pas sur le marché. Winnipeg fabrique moins de 1% de chocolat consommé ici. La grande majorité vient des autres provinces. Mais on a aussi constaté un besoin criant d’un retour aux sources, de plus en plus de gens sentent le besoin de s’éloigner des produits bourrés d’additifs, d’agents de préservations ou qui ont été cultivés dans des conditions nocives à l’environnement. Personnellement, j’avais déjà une carrière lancée dans le domaine des communications et je me suis dite que je pourrais certainement continuer à l’exercer car comme nouvelle entreprise, on a besoin d’une belle image de marque pour se faire connaitre.

Ton mari et toi êtes les personnes derrière Aschenti Cocoa, présente-nous votre entreprise!

Notre concept est simple, nous cultivons le cacao à l’année longue dans notre ferme au Cameroun. Nous y sommes à quelques reprises durant l’année en particulier pour les récoltes. Sur place, nous faisons la fermentation puis le séchage du cacao avant de l’emballer pour l’envoyer à Winnipeg. Sur place, nous faisons toute latransformation du cacao c’est à dire la torréfaction, le concassage des graines de cacao, le broyage, le conchage du cacao. Ensuite nous faisons vieillir le chocolat avant de le tempérer, mouler puis emballer le chocolat.

Pour nous, le chocolat n’est pas une simple friandise, c’est bien plus : une super nourriture! Un chocolat pur qui est fait sans additif ou préservatif. Nous avons opter pour une magasin avec un concept ouvert donc les gens qui viennent peuvent nous voir à travers les vitres travailler à différents stage de la fabrication du chocolat.

Pour ceux qui ne sont pas à Winnipeg, ils peuvent se procurer nos chocolats en ligne. Nous offrons plusieurs collections de chocolats. Ils sont tous sans gluten (celiac) et certains sont végétaliens. Nous avons une gamme avec du lait et sans lait.

Un événement ou une réalisation dont tu es fière?

Il y a certainement plusieurs jalons dont je suis fière comme d’avoir été choisi par Chatelaine Magazine comme l’un des 9 meilleurs magasins de chocolats au Canada cette année. Au-delà de tout, je pense que l’ultime satisfaction, c’est de servir de courroie entre les cultivateurs au Cameroun - dont plusieurs n’ont jamais gouté le chocolat – et les amateurs de chocolat ici. C’est toujours gratifiant de voir ou d’entendre la réaction des gens qui consomment notre chocolat pour la première fois. Plusieurs nous disent n’avoir jamais consommé quelquechose d’aussi pur.

Quelles sont quelques embûches que vous avez rencontrées depuis que vous vous êtes lancé dans l’entrepreneuriat?

Comme entrepreneur, on a eu plusieurs défis, le financement, pour lancer le projet, le manque de connaissance sur l’obtention des permis pour faire fonctionner l’entreprise. Et il y a aussi la barrière de la couleur de la peau. Beaucoup de gens nous demandent encore qui fait notre chocolat.Malheureusement, il existe encore beaucoup de préjugés sur l’Afrique. Bien qu’étant le premier producteur de cacao au Monde, le Cameroun étant le cinquième, les gens ont du mal à s’imaginer qu’on peut produire un cacao bio en Afrique. Le cacao d’Amérique Latine a une meilleure réputation sur la scène mondiale alors il y a encore des sceptiques. Par ailleurs, les nombreux reportages qui ont été fait sur les enfants dans les plantations de cacao n’aident pas non plus et qui ont laissé des séquelles dans le subconscient des gens.

Qu’est ce que tu as appris de ces dernières?

Ça prend juste une personne pour changer le monde. La vie d’entrepreneur est faite de hauts et de bas. Mais il faut toujours se rappeler pourquoi on a commencé et quelle est sa raison d’être. Il ne faut surtout pas se positionner par rapport à ce que font les autres mais trouver sa niche et continuer à perfectionner ce qu’on fait. Il ne faut pas baisser les bras mais continuer à se battre, faire de son mieux et remettre le reste entre les mains de Dieu.

Comment pratiques-tu le self-care?

Je suis croyante alors ma foi m’aide beaucoup à trouver la balance comme maman, entrepreneure et épouse. Je n’ai pas de recette miracle, mais j’apprends à trouver le temps pour moi en faisant des activités que j’aime.

Quand on met Dieu au premier plan, le reste s’aligne tout doucement.

Que dirais-tu à ta personne à 20 ans?

Buying shoes too small with the hope that they will stretch out is a bad idea. Remember that sometimes you need to cross many bridges to get to your destination. People will show you who they are. Listen.(Thanks, Maya Angelou).

Un conseil ou mots d’encouragements pour La Femme BOLD qui nous lit aujourd’hui?

Je dirais de toujours croire en soi, en ses rêves. Vera Wang est devenue une designer à 40 ans. Kerry Washington a eu le rôle de ses rêves quand elle avait 35 ans. J.K. Rowling a publié son premier livre sur HarryPotter à 31 ans. Ce n’est jamais trop tôt pour commencer et c’est toujours trop tard si on attend.

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Crédit Photo: David Lipinoswki